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Actualités et enjeux de l’écosystème pharmaceutique en Afrique

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A LA UNE

Des Rencontres francophones de la Santé sous le signe de l’innovation

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Crédit photo @Pharmaceutiques.com

Réunis à Genève à l’occasion des 26èmes Rencontres francophones de la Santé du Leem et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), des ministres de la Santé et des représentants de laboratoires pharmaceutiques ont partagé leurs expériences innovantes au service des écosystèmes de soins.

Organisées à la veille de l’Assemblée mondiale de la santé de l’OMS, les Rencontres francophones de la Santé ont pris cette année à Genève une résonance particulière avec l’actualité, dans un contexte marqué par les pénuries de médicaments, la lutte contre les pandémies et des impératifs de souveraineté sanitaire. « Plus que jamais, notre responsabilité collective – Nord, Sud, public et privé – à trouver des voies innovantes pour assurer l’équité des soins est une priorité absolue, assure Laurence Peyraut, directrice générale du Leem. La France, pays de Pasteur, doit être un acteur clé dans la création de ces coopérations en veillant à les inscrire sur le terrain de façon très opérationnelle. » Une position partagée par Henri Monceau, représentant de l’OIF auprès des Nations unies à Genève. « Nous avons besoin d’un écosystème complet ; de cette capacité pour les acteurs à avancer ensemble. C’est cela, l’objectif de ces rencontres », indique-t-il, en saluant les nombreuses « success stories » initiées ces dernières années à partir de cet événement.

Des systèmes de santé qui avancent

Pour les pays africains, les défis sont nombreux, mais l'objectif est clair : fournir une couverture sanitaire universelle aux populations. Une voie dans laquelle s'est engagé le Bénin depuis plusieurs années. Fin 2015, le pays a lancé la construction du Régime d'assurance maladie universelle (RAMU). De nombreuses réformes ont depuis vu le jour afin d'assainir l'exercice des professions médicales et paramédicales, mieux réglementer l'activité pharmaceutique, et mettre en place des organes de gestion dédiés. Pour le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, le pays innove aussi par son approche progressive. « Un régime social unique a été instauré, avec l'objectif d'y intégrer d'abord les « pauvres extrêmes ». Après une première phase concentrée sur des territoires limités, nous sommes passés à l'échelle nationale. »

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Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé du Bénin - Crédit photo @Pharmaceutiques.com

Dans le panier de soins, l'accent est mis sur les affections les plus courantes, en particulier dans le domaine de la santé maternelle et infantile. « Concernant les maladies chroniques, il n'est pas opportun de les intégrer à ce stade dans le régime. Bien sûr, nous ne voulons pas abandonner les patients, mais la réflexion doit être portée à plus long terme. Ajouter dès aujourd'hui de telles dépenses dans le panier de soin mettrait tout le système en péril », insiste Benjamin Hounkpatin. Autre axe de développement du Bénin : la santé communautaire. Mise en application depuis plusieurs décennies, elle fait l'objet de plusieurs réformes structurelles afin d'assurer un salaire convenable aux agents, mais aussi de renforcer leur supervision.

Autre exemple, le Gabon, où le gouvernement se dote de nouveaux outils, à travers deux plans : la Politique nationale de santé 2024-2034 et le Plan national de développement sanitaire 2024-2028. « Ces actions vont de la stratégie de prise en charge des patients à la recherche et à l'innovation en passant par le développement des systèmes de formation », précise le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Adrien Mougougou. Déjà, le Gabon a réformé l'accès aux médicaments dans les hôpitaux, via des pharmacies hospitalières. Un moyen de mieux surveiller l'observance des patients, mais aussi de réduire le coût et le risque de faux médicaments alors qu'auparavant, les patients hospitalisés devaient eux-mêmes se procurer leur traitement en ville. 

« Le renforcement du diagnostic nous aide également à mieux contrôler la situation sanitaire du pays, poursuit le ministre, en citant l'exemple du paludisme. Les patients, au lieu d'aller vers les structures sanitaires, ont pris l'habitude de se rendre directement dans les pharmacies, ce qui nous empêchait de suivre les risques épidémiques. Nous avons donc demandé aux officines de réaliser un test diagnostique avant chaque dispensation. Ces données nous donneront une meilleure visibilité statistique pour prendre les bonnes décisions. »

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Adrien Mougougou, ministre de la Santé et des Affaires sociales du Gabon - Crédit photo @Pharmaceutiques.com

Une sécurité sanitaire et économique

Michel Sidibé, envoyé spécial de l'Union africaine pour l'Agence africaine du médicament (AMA), voit un sujet qui va beaucoup plus loin que celui de l'accès aux soins. « Nous parlons aussi de questions commerciales, de régulation, de sécurité sanitaire. Avec de 80 à 85 % d'importations de médicaments et plus de 400.000 décès dus à de faux médicaments, l'impact est énorme sur les économies des pays d'Afrique. » Avec 36 pays signataires du traité, il défend l'opportunité de l'AMA pour « transformer complètement l'écosystème de la santé sur le continent » et réinventer les partenariats entre les États et les acteurs privés, pour renforcer par exemple la pharmacovigilance. « Les États ont besoin d'inspecteurs formés, de structures spécialisées, mais aussi de l'industrie pour développer les sources locales de production. »

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Michel Sidibé (Agence africaine du médicament) et David Atchoarena (Académie de l’OMS) - Crédit photo @Pharmaceutiques.com

Le transfert de compétences et de connaissances est jugé indispensable pour permettre à l'ensemble des pays francophones de s'approprier ces défis. C'est aussi l'ambition de David Atchoarena, directeur exécutif de l'Académie de l'OMS. « Nous voulons développer un écosystème entier, pas seulement une nouvelle offre de formation. » Le centre a lancé en distancielle ses premières formations aux actes médicaux prioritaires, mais aussi à la gestion financière, ou de crise. Il se prépare à accueillir dans quelques mois sa première promotion à Lyon. « Sur la production locale, qui est l'un de nos axes prioritaires de travail, le transfert de technologie doit s'accompagner d'un transfert de compétences, de qualification et d'experts. Nous avons commencé à développer un cadre référentiel autour de cette thématique et j'espère que nous pourrons très prochainement engager le dialogue avec l'Union africaine et l'AMA, pour voir comment contribuer au renforcement local des productions », insiste le dirigeant.

Des industriels mobilisés

Du côté des industriels, les axes de collaboration sont nombreux : formation des professionnels de santé, lutte contre les faux médicaments, dépistages des maladies, distribution des médicaments, etc. « Nous sommes présents depuis de nombreuses années sur le continent africain, avec notamment un site de production au Maroc et un en Afrique du Sud », témoigne Delphine Caroff, vice-présidente associée Solutions d'accès durable et accès au marché mondial chez MSD. Le laboratoire américain, qui a pour objectif d'atteindre avec ses médicaments et vaccins 350 millions de personnes d'ici à 2025, collabore notamment avec l'alliance GAVI pour apporter des vaccins à des prix différenciés et soutenir ainsi les campagnes des pays, notamment contre le cancer du col de l'utérus. « Nous soutenons aussi des initiatives de diagnostic, à travers par exemple des entreprises de e-santé pour atteindre des populations qui n'ont pas forcément accès à ces tests. »

Très présent en Afrique avec le soutien de sa fondation, Pierre Fabre mène de son côté des actions de formation des professionnels de santé, notamment des pharmaciens pour lutter contre les faux médicaments. Le laboratoire déploie en outre une trentaine de programmes, dont un contre la drépanocytose, maladie génétique qui touche 300.000 enfants chaque année en Afrique subsaharienne. « Nous travaillons avec les acteurs locaux, comme l'association SOS Drepano en Guinée et le ministère de la Santé. Nous avons ainsi pu contribuer à la mise en place de centres de dépistage de la maladie et de prise en charge. Aujourd'hui, nous arrivons à l'étape de l'extension de ce programme vers les régions les plus éloignées de la capitale », souligne Pierre Behnam, directeur Afrique, Moyen-Orient et Turquie de Pierre Fabre, en mettant l'accent sur des programmes qui s'inscrivent, systématiquement, dans la transmission : « Transmission de savoir-faire, d'expertise, mais aussi de responsabilité. »

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Pierre Behnam (Pierre Fabre), Delphine Caroff (MSD) et Philippe Duneton (Unitaid) - Crédit photo @Pharmaceutiques.com

Mieux écouter la population

Entre innovations médicales, organisationnelles ou financières, les initiatives présentées lors de ce rendez-vous ont été nombreuses. Si les pays de la francophonie comptent sur des collaborations pour les appuyer, une plus grande écoute est aussi nécessaire, notamment des patients. Conscient de ce défi, Philippe Duneton, directeur exécutif d'Unitaid, cite l'exemple du déploiement d'autotests du VIH en Afrique. Assez peu convaincu par le dispositif au départ, il a ensuite salué ses résultats en constatant que les hommes, qui fréquentent assez peu les structures de santé, étaient parmi les premiers à se tester et à entrer ensuite dans un parcours de soins.

De même, si de nombreuses infirmières ont été formées en Afrique à la réalisation de test HPV, le déploiement d'autotests a encore permis d'accélérer le dépistage. « Par pudeur, beaucoup de femmes redoutent ce prélèvement réalisé par un soignant inconnu. Elles préfèrent le réaliser chez elles, et le ramener ensuite au centre, explique Philippe Duneton. Ce genre de détail est essentiel pour répondre aux besoins des populations. Il faut d'abord écouter pour trouver ensuite des solutions. »

Fabien Nizon

Cet article a été reproduit en intégralité avec l'aimable autorisation de Pharmaceutiques

Lire l'article original sur le site Pharmaceutiques




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